Immaculée Conception 2017
L’Immaculée
Conception.
Que représente pour vous cette
expression ? Comment comprenez-vous ce mystère ? Que diriez-vous à
quelqu’un qui vous demanderait ce que ça signifie ?
Ne soyez pas étonné par votre probable
perplexité. Durant des siècles, même les plus grands théologiens, se sont
affrontés autour de cette notion. Saint Thomas d’Aquin – le docteur angélique-
et saint Bernard –un grand dévot de Marie- ne parvenaient pas à adhérer à cette
idée, même si tous deux étaient convaincus que Marie était toute sainte. Il a
fallu une lente maturation théologique et finalement la déclaration solennelle
d’un pape – Pie IX en 1854- pour que cette vérité s’impose comme un dogme dans
l’Eglise catholique. Mais je ne suis pas certain que tout soit actuellement
clair dans l’esprit des croyants autour de cette expression.
D’abord il ne faut pas la confondre avec la
conception virginale de Jésus, cette vérité rappelée plusieurs fois dans les
Evangiles, selon laquelle Jésus n’est pas né dans la logique d’une relation
charnelle humaine, mais bel et bien « conçu du Saint-Esprit » dans le
sein virginal de sa mère Marie, et cela pour bien montrer que la venue de Jésus
de Nazareth n’est pas une œuvre humaine, mais un pur cadeau de Dieu par l’envoi
de son Fils éternel dans notre humanité pour la sauver gratuitement.
C’est en préparation avancée de cette venue que
se situe l’immaculée conception de Marie, selon la foi catholique. Par une
grâce anticipant sur celles obtenues par la mort et la résurrection de Jésus,
sa mère Marie a été préservée de la tache du péché originel, lequel marque
négativement dès leur conception tous les descendants d’Adam. Marie bénéficie
donc d’une grâce exceptionnelle, liée à sa vocation à venir, celle de mère du
sauveur Jésus, le fils de Dieu et son enfant.
Tout cela, me direz-vous, nous semble bien
compliqué, et je peux vous comprendre. Rien ne nous empêche de dire les choses
plus simplement, en laissant aux spécialistes le soin de s’expliquer plus
subtilement.
Finalement, tout est résumé dans deux petites
phrases. L’une est dans l’évangile : Marie est pleine de grâce,
c’est-à-dire comblée de grâce. Et l’autre nous vient des Eglises
d’Orient : Marie est la panaghia, la toute sainte. Si vous êtes d’accord
là-dessus, vous avez compris l’essentiel. Ainsi soit-il.
Mais qu’est-ce que ça change pour nous
aujourd’hui, me direz-vous ? Voilà une bonne question.
Jésus est le seul « homme nouveau »
tel que Dieu le rêve depuis toujours dans la pleine réalisation de sa vocation
au Royaume de Dieu à partir de son passage ici-bas. Quant à Marie, à cause de
sa proximité extraordinaire et exceptionnelle avec Jésus, par rayonnement venu
entièrement de lui, elle réalise aussi une parfaite vocation humaine, ce qu’on
appelle la sainteté. Elle l’a reçue dès le départ, elle l’a vécue dans la foi,
elle l’a maintenue dans les épreuves, elle l’a partagée avec les autres. Et
tout cela dans les modalités propres de sa personnalité, y compris dans sa
féminité et sa maternité.
En ce
sens, il ne faudrait pas que sa sainteté unique l’éloigne de nous. Bien au
contraire, elle nous est d’autant plus proche que rien en elle –et surtout pas
le péché qui si souvent trouble nos relations humaines- rien ne fait obstacle à
sa solidarité d’amour avec nous. C’est ce qu’on constate dans la vie de
l’Eglise. Plus les gens se ressentent petits et pauvres, d’une manière ou d’une
autre, plus ils se sentent attirés par le doux visage maternel de Marie, au
point parfois d’exagérer dans leur piété sincère, mais pas toujours bien éclairée.
Le concile Vatican II nous encourage à éprouver
une profonde communion avec Marie, mais
en même temps il nous met en garde contre des dérapages possibles. Il nous
dit : L’application à la Sainte
Ecriture doit nous faire mettre dans une juste lumière le rôle et les
privilèges de Marie, lesquels sont toujours orientés vers le Christ, source de
la vérité, de la sainteté et de la piété.
Que les fidèles se
gardent avec le plus grand soin de toute parole et de tout geste susceptibles d’induire
en erreur, soit nos frères séparés, soit toute autre personne, sur la véritable
doctrine de l’Eglise.
Que les fidèles se souviennent qu’une
véritable dévotion ne consiste nullement dans un mouvement stérile et éphémère
de la sensibilité, pas plus que dans une vaine crédulité.
La vraie dévotion
procède de la vraie foi, qui nous conduit
à reconnaître la dignité éminente de la Mère de Dieu, et nous pousse à
aimer cette Mère d’un amour filial et surtout à poursuivre l’imitation de ses
vertus.
Oui, qu’il en soit ainsi.
Amen.
Claude Ducarroz
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